Peu appréciée, ennuyeuse et pourtant essentielle.
La lumière pour s’orienter. La composante peu appréciée, souvent même ennuyeuse d’une ambiance lumineuse est précisément aussi celle qui est essentielle pour nous permettre d’arriver à destination. Source d’orientation, la lumière nous accompagne toujours et est indispensable pour que nous ne perdions pas notre sens de l’équilibre. L’expérience la plus impressionnante, voire presque la plus radicale que j’aie faite en la matière a été une promenade impromptue sur un chemin de randonnée traversant des tunnels, dans les Gorges du Verdon.
Ces tunnels fascinants ne sont pas éclairés et ne sont que grossièrement taillés dans la roche. On peut en entrevoir la sortie et on s’y engage donc avec euphorie, mais la prudence s’impose dès les premières aspérités du terrain et, pour finir, on s’arrête net parce que chaque pas sur ce sol irrégulier et sombre engendre des problèmes d’équilibre. Intuitivement, on se retourne et on rebrousse chemin pour, en définitive se rendre compte qu’on n’a maîtrisé aucun de ces nombreux tunnels.
Du jardin d’enfants à la résidence pour personnes âgées
L’orientation ne dépend toutefois pas seulement du sol: toutes les surfaces se trouvant dans notre champ de vision sont importantes et devraient être éclairées de façon égale. La nouvelle norme EN 12464-1 réglemente d’ailleurs les valeurs de luminance des plafonds et des murs dans le champ de vision du travailleur. Mais revenons-en au thème de l’orientation ou plus exactement à la quantité de lumière dont l’être humain a besoin pour s’orienter sans problème. Le plus intéressant en cela, voire la difficulté, c’est qu’à ce stade se profile déjà le premier défi, à savoir que nous sommes tous différents.
Autrement dit: un enfant a besoin de nettement moins de lumière qu’une personne de 60 ans pour s’orienter. Il existe de grandes différences en matière de besoins de lumière pour une même performance visuelle. En termes de planification, ces «deux extrêmes» – le jardin d’enfants et la résidence pour personnes âgées – sont très importants. L’éclairage d’orientation doit comprendre des composantes à la fois horizontales et verticales. Si l’une de ces deux composantes fait défaut, les objets ne peuvent pas être perçus en trois dimensions. Le plus fantastique avec l’oeil humain, c’est qu’il peut s’adapter aux conditions lumineuses de 1 à plus de 100 000 lux.
Clarté = moins d’énergie, pénombre…
A titre de comparaison, voici quelques valeurs types de la planification lumineuse: entrées ou passages piétons vers des immeubles d’habitation environ 1 lux, corridor la nuit dans un hôpital 50 lux, halls d’entrée d’espaces publics environ 100 lux. Il est important de préciser ici que les lux sont des valeurs abstraites qui ne peuvent donc pas être vues, mais uniquement mesurées. L’être humain ne voit que la lumière réfléchie, autrement dit la luminance d’une surface. Et celle-ci dépend, à son tour, à 100 % de la luminosité de la surface observée. Dans une pièce entièrement noire, même 1000 lux ne peuvent produire aucune clarté, puisque toute la lumière est absorbée par les surfaces noires.
La norme EN 12464-1 régit également cet aspect, en fournissant des recommandations en matière de facteur de réflexion pour les plafonds, les murs et les sols. Cet aspect est également pris en compte pour les planifications faites dans le cadre du standard Minergie. A luminosité égale, un aménagement d’espace clair nécessite en définitive moins d’énergie qu’un aménagement d’espace sombre (surfaces, couleurs). Dans les endroits dangereux, voire les situations délicates, la clarté est réglée directement comme, par exemple, avec l’éclairage public. La nuit, la pleine lune nous suffit amplement pour nous orienter, car son pouvoir éclairant de 1 à 3 lux nous permet parfaitement de traverser un terrain plat en toute sécurité. Les choses se compliquent toutefois sur un terrain accidenté. Mais c’est de l’éclairage fourni par la pleine lune que découlent les valeurs qui sont utilisées pour les installations extérieures sur les voies piétonnes planes.
Démonstration dans notre «espace mock-up»
Les images ci-contre montrent clairement que pouvoir éclairant et impression de clarté sont deux choses bien différentes. Et que pour une idée d’éclairage appropriée et énergétiquement optimisée, il est essentiel de connaître exactement les surfaces qui délimitent l’espace. Dans notre espace mock-up, nous pouvons réaliser des simulations 1:1. Et ce, par rapport à des hauteurs de pièce de 2 à 4,6 mètres. Sur le plan visuel, la pièce est agrandie à 6 x 12 mètres grâce à un mur habillé avec un miroir de 6 x 4,6 mètres de haut. L’écart entre les murs et les groupes de luminaires sont également modifiables par déplacement transversal du plafond.
D’une uestion à l’autre.
D’où vient la lumière qui nous permet de nous orienter?
De luminaires directement prévus à cet effet, de la lumière réfléchie sur les surfaces, de la lumière du jour. Lorsque l’éclairage d’orientation est prévu via la lumière réfléchie, il est essentiel de connaître les valeurs de réflexion précises des surfaces réverbérantes.
A quel niveau peut-on faire des compromis?
Les espaces privés et les corridors sont des zones qui sont souvent empruntées par les mêmes personnes et, de ce fait, les besoins d’éclairage y sont différents.
A quel niveau ne peut-on absolument faire aucun compromis?
Aux postes de travail et partout où l’éclairage est déterminant pour la sécurité, il est impératif d’atteindre la valeur normalisée dans l’environnement de travail. Comme par exemple près de la première marche d’un escalier, au bord d’un quai, dans la rue et près de tout obstacle.
Comment peut-on faire des économies en matière de lumière de base?
Avec un variateur de lumière individuel et grâce à des commandes d’éclairage intelligentes, ce qui se traduit aujourd’hui, aux postes de travail, par des luminaires/lampes sur pied avec variateur de lumière (p. ex. ECO). A l’extérieur aussi, de plus en plus d’installations lumineuses sont commandées par des systèmes
de gestion de la lumière.