Les facettes de la lumière
La lumière peut être envisagée et analysée sous différentes perspectives. Mais pour cela, il faut d’abord faire quelques pas en arrière, se glisser dans la peau d’un observateur et aborder le sujet en prenant du recul. «C’est depuis l’espace que nous pouvons avoir la vision la plus vaste de la lumière artificielle utilisée en extérieur», explique Thomas Lack, responsable Formation et soutien aux projets chez Neuco.
La vue depuis l’espace dresse malheureusement un tableau inquiétant et souligne un phénomène connu: les halos lumineux qui se forment au- dessus des grands centres urbains, mais aussi des villes plus petites, et rendent les étoiles moins visibles.
De nos jours, on distingue étonnamment bien les cinq continents depuis l’espace, même la nuit. La luminosité que l’on observe au-dessus de nombreuses régions est à la fois impressionnante et effrayante. «Notre ambition est que la nuit reste aussi noire que possible afin de protéger les animaux nocturnes et de préserver ce qu’il reste du ciel nocturne. Pour ce faire, nous prenons cette question au sérieux dans le cadre de la planification et nous nous engageons activement pour une réduction des nuisances lumineuses dans les espaces extérieurs », poursuit le spécialiste en éclairage. Dans cet article, nous reviendrons sur le ciel nocturne et la pollution lumineuse.
À l’extérieur? Juste la bonne dose de lumière.
Dans de nombreuses régions du monde, l’obscurité est déjà devenue un bien rare. En 2005, l’Office fédéral de l’environnement ( anciennement OFEFP) avait publié la brochure «Recommandations pour la prévention des émissions lumineuses», où l’on trouvait encore beaucoup de photos prises depuis le sol. En 2013, la SIA (Société suisse des ingénieurs et des architectes) a emboîté le pas et publié la nouvelle norme SIA 491 «Prévention des émissions inutiles de lumière à l’extérieur».
Une problématique centrale, qui préoccupe également Neuco. «Aujourd’hui, nous disposons de nouveaux outils pour planifier avec plus de précision. Nous pouvons par exemple calculer la quantité de lumière émise vers le haut et vers l’arrière. Ce n’était pas possible dans le passé», précise l’expert en éclairage.
Autre aspect qui joue un rôle important pour l’obscurité et la nature: la couleur de la lumière. On sait aujourd’hui que certains animaux et certains insectes ne voient pas ou que très peu les températures de couleur chaudes. «La nuit, nous passons donc progressivement à une température de couleur chaude de moins de 3000 kelvins», commente Thomas Lack et ajoute: «Nous attachons également une grande importance à ce que la lumière éclaire ce qui doit l’être. C’est pourquoi il est important que les luminaires éclairent seulement les surfaces utiles, par exemple les rues, et non les zones environnantes non souhaitées comme des fenêtres de chambres à coucher ou des prés.» La règle d’or de l’éclairage extérieur est la suivante: juste la bonne dose de lumière.
L’expertise en éclairage à 360°
Pour l’intérieur, la même vision globale doit s’appliquer à la lumière. Il faut se poser les bonnes questions. Concrètement: de quelle quantité de lumière la pièce a-t-elle besoin? Quelle doit être l’ambiance lumineuse? S’agit-il d’une approche quantitative ou qualitative? «C’est toujours une question de contexte. Et d’attitude aussi. Chez Neuco, nous privilégions l’approche qualitative. Cela signifie que nous prenons en considération les luminances et travaillons avec le CRF (Contrast Rendering Factor, facteur de rendu du contraste), un indicateur complexe», explique Thomas Lack et ajoute: «Un bon utilisateur tiendra également compte du tapis, du canapé et des autres éléments d’aménagement pour déterminer les zones qui doivent être éclairées ou non afin de créer une ambiance harmonieuse.» Une compétence difficile à transmettre qui requiert une longue expérience.
«L’exigence de Neuco consiste à planifier un éclairage de qualité qu’on ne perçoit pas consciemment, car il est tout simplement parfait», affirme le spécialiste. Et d'ajouter: «Un éclairage soigné a le pouvoir de rendre visible l’architecture et de lui apporter une dimension supplémentaire.» Il est également important de comprendre les exigences diverses selon le type de pièces. Par exemple, un concept d’éclairage destiné à une salle de séminaire ne présente pas les mêmes exigences que celui d’un café. «Dans un lieu où l’ambiance est importante, comme un bar, l’éclairage ne produira pas le même effet s’il est déplacé d’un mètre. Le résultat ne pourra être à la hauteur que si l’éclairage est associé à l’architecture.» L’éclairage doit donc être observé, appréhendé et planifié selon plusieurs perspectives. Précision, savoir et sens aigu de la lumière sont de rigueur – sans oublier une vision globale.